A pied dans Grasse

26/01/2008

- Le jardin de l’hôtel de Clapiers-Cabris

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Jardin de l’hôtel de Clapier-Cabris, musée d’Art et d’Histoire de Provence

La ville de Grasse, aux nombreuses manufactures de parfum, était prospère au XVIIIe siècle. Jean-Paul de Clapiers (1749-1813), époux de Louise de Mirabeau (la soeur du tribun révolutionnaire), appartenait à une des familles les plus éminentes de la ville. Lorsqu’il devint le troisième marquis de Cabris en 1771, il se fit bâtir un somptueux hôtel. Entretenant des relations conflictuelles avec sa mère, le jeune marquis décida que sa demeure serait bâtie au pied de l’hôtel familial, afin de lui dissimuler le plus possible la vue. Côté rue Mirabeau, il fit sculpter au-dessus de la porte une tête de Gorgone crachant des vipères, que la marquise douairière ne pouvait manquer de voir depuis ses fenêtres…

entrée du musée
Un musée bien dissimulé.

tête de Gorgone
La tête de Gorgone.

C’est un architecte milanais, Jean Orello, qui dressa les plans de ce qui reste l’une des plus élégantes maisons de Provence, surnommée « le Trianon de Grasse » en raison de son appartenance à la culture néoclassique en honneur en France dans la seconde moitié du XVIIIème siècle. Ce parti pris architectural est cependant adouci par des façades ocre rose d’esprit très italianisant. Ruinés par des aménagements somptueux qui ne furent jamais achevés, le marquis et la marquise de Cabris furent contraints de se défaire de leur hôtel, vendu aux enchères en 1813. Le bâtiment fut reconverti en musée en 1921, et appartient désormais à la ville de Grasse. L’hôtel offre un cadre idéal aux collections thématiques (faïences, verres, costumes, objets archéologiques) et restitue l’atmosphère de la vie quotidienne dans la Provence orientale du XVIIIème siècle - en particulier la cuisine, dans son état originel.

façade Sud
Façade sud sur le jardin.

Le jardin de 1200 mètres carrés, inscrit à l’inventaire des monuments hisoriques, est d’après un inventaire de 1778 « divisé en deux planches, dont le sol de l’une est plus élevé que l’autre, et complanté de rosiers, de citronniers, d’un cerisier et d’un saule pleureur ». Les deux terrasses, reliées par un grand escalier à double révolution, ont été nivelées au milieu du XIXe siècle. En se fondant sur cette description, le vicomte Charles de Noailles a redessiné le jardin en 1964, lui restituant l’aspect classique qui convient à une demeure de la fin du XVIIIe siècle.

le jardin
Le jardin vu depuis le premier étage.

l'escalier
L’escalier à double révolution, aujourd’hui démoli.

Charles de Noailles écrivait : « Si vous regardez les jardins créés par Le Nôtre, l’autorité suprême en termes de jardin à la française, vous pouvez voir que ce qui est d’un côté d’un axe est toujours équilibré par rapport à ce qui est de l’autre côté, mais que les deux moitiés ne sont jamais identiques. Ce sont les imitateurs médiocres qui insistent sur une symétrie rigide. J’aime les dessins nettement affirmés par des haies basses bien taillées : ils constituent l’architecture du jardin. Mais à l’intérieur de ce cadre formel, j’aime que les plantes et les fleurs poussent librement… ». Ainsi a été conçu le jardin régulier de l’hôtel de Clapier-Cabris : de part et d’autre d’une allée centrale, des parterres de gazon bordés de buis taillés abritant des rosiers, et sur un seul côté, une fontaine à bassin ovale ; une allée périphérique permettant de circuler sous les ombrages et d’apprécier en tout point l’harmonie d’ensemble. Le jardin est complanté d’un immense magnolia, d’un plaqueminier, de lauriers, de néfliers et d’inévitables palmiers - introduits sur la Côte d’Azur au XIXe siècle. Au pied d’un escalier de pierre, une ravissante petite cour avec fontaine murale, qu’on aperçoit derrière une haute grille, donne sur le boulevard Fragonard. Il reste à souhaiter qu’à l’exemple de celui de la Villa-musée Fragonard (23 boulevard Fragonard), l’accès à ce ravissant jardin soit rendu public.

allée centrale
Allée centrale.

calade devant la porte du jardin
Calade du seuil de la porte vers le jardin.

plaqueminier
néflier
animation
Présentation pour une carte postale ancienne.

grille entrée Fragonard
La grille d’entrée sur le boulevard Fragonard.

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